Le train lancé à très vive allure s’arrête brutalement. Tout le monde descend et chacun est prié de rester cloîtré chez soi.
Je suis née il y a environ 4,56 milliards d’années.
Je suis le fruit de l’union d’un trou noir et d’une comète.
J’habite dans un petit bled, appelé la galaxie de la Voie lactée, au sein de l’univers.
L’homme est apparu il y a 700 000 ans.
Bouh ! Là, je ne sais pas pourquoi, j’ai eu comme un haut-le-cœur ; une mauvaise intuition. J’ai eu la vision qu’il portait en son cœur les aspirations les plus sublimes, mais aussi les forces les plus obscures et destructrices.
Mon état de santé s’est beaucoup dégradé depuis plusieurs décennies. Mes forêts ont été disséminées, les hommes ont ouvert mes entrailles pour en extraire des minerais de toutes sortes, dans le but incessant de s’enrichir à tout prix.
De très nombreuses espèces d’animaux sont en voie d’extinction, l’air est pollué, il y a un trou dans la couche d’ozone et l’on pourra s’attendre, dans un futur proche à des éruptions solaires perturbant tout le système électrique.
Les océans sont devenus une déchetterie. Ils portent en leur sein des millions de tonnes de plastique, et comme si cela n’était pas assez, les hommes les polluent par le mazout.
Oui vraiment, je suis de plus en plus MALADE !
Tout va très vite, si vite ! C’est l’ère industrielle.
Tout est déréglé, le réchauffement climatique fait fondre les icebergs, les glaciers. Les tempêtes, les ouragans, les tsunamis, les inondations, les incendies se déchaînent comme des signes annonciateurs d’une catastrophe écologique imminente et irrémédiable.
Mais l’homme, se croyant toujours plus fort, continue sa course folle ; plus vite, toujours plus vite. Toujours plus d’argent, creusant l’écart entre les riches et les pauvres. C’est comme un train lancé à vive allure, qui ne s’arrête jamais.
Puis un jour de l’année 2020 apparaît un virus, on le nomme couronne virus, ou couronne d’épines. Les scientifiques ne savent pas le maîtriser. Il n’en fait qu’à sa guise, l’humanité entière est touchée. Une pandémie mondiale.
Le train lancé à très vive allure s’arrête brutalement. Tout le monde descend et chacun est prié de rester cloîtré chez soi. La contagion rôde. Un silence de plomb plane sur le monde entier. Plus rien ne bouge, c’est le confinement.
STOP, arrêt total de la course folle. C’est le grand Shabbat de l’humanité.
SILENCE
Je suis MALADE, complètement malade…
Sylvie Lelluch