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Abstraction

Déambuler dans le silence du temps suspendu

Faire comme si

Rien n’avait changé.

Se réjouir de la pluie, 

S’enivrer du soleil.

Laisser aller ses yeux

Sans penser.

Se souvenir des fêtes, 

Des bonheurs partagés,

Même des carnavals

Aux visages masqués.

Rêver d’un monde en paix

Raisonnable et sensé.

Déambuler dans le silence du temps suspendu

Tout au long des chemins et des rues.

Se sentir exister.

S’étourdir des senteurs que le printemps exhale,

Sourire d’un batracien sautant dans un ruisseau.

Se glisser chaque soir dans un étrange oubli,

S’éveiller le matin croyant avoir rêvé.

Sortir alors de l’abstraction,

Ecouter les ravages d’un infiniment petit, 

Être, face à lui, si grand mais si fragile,

Admirer l’abnégation de tous ceux qui l’affrontent

Et ce meilleur de chaque homme qui sur le pire prend le pas. 

Trembler pour tous ceux qui nous sont proches 

Mais s’abstraire à nouveau de pensées malveillantes

Garder confiance

Croire en l’avenir.

 

Françoise Cartron